par Melike Pala
Selon l'ancien juge international Chris Van den Wyngaert, cité lundi par VRT News, le parquet belge pourrait ouvrir une enquête sur des allégations de «tourisme de tireurs d'élite» pratiquées pendant le siège de Sarajevo dans les années 1990, si des ressortissants belges y étaient impliqués.
Ces déclarations interviennent après l'ouverture, la semaine dernière, d'une enquête par le parquet de Milan sur des accusations selon lesquelles de riches ressortissants étrangers auraient versé d'importantes sommes d'argent pour tirer sur des civils à Sarajevo depuis les collines environnantes pendant la guerre de Bosnie, et que les forces serbes de Bosnie auraient organisé des «safaris humains» pour ces visiteurs fortunés.
L'enquête italienne fait suite à une plainte déposée par le journaliste et écrivain Ezio Gavazzeni, qui avait enquêté sur ces faits présumés.
Plusieurs ressortissants italiens se seraient rendus dans la capitale bosniaque pendant le siège de Sarajevo pour rejoindre des unités de tireurs d'élite serbes et tirer sur des civils pour «se divertir», ont rapporté précédemment les médias italiens. D'après le quotidien La Repubblica, il ne s'agissait pas de soldats, mais de «touristes de guerre d'extrême droite».
S'exprimant sur les ondes de l'émission de radio De Ochtend, Chris van den Wyngaert, qui a siégé pendant des années comme juge à la Cour pénale internationale (CPI) et au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, a déclaré n'avoir jamais eu connaissance de telles pratiques durant son mandat.
«Je n'y croyais pas, c'était tout simplement incroyable», a-t-elle affirmé.
«J'ai passé sept ans au Tribunal et je n'en avais jamais entendu parler jusqu'à présent. Les rumeurs circulent depuis longtemps, mais aucune preuve n'a encore été trouvée», a-t-elle ajouté.
Van den Wyngaert a souligné que si des Belges étaient impliqués dans les crimes présumés, ils ne pourraient pas être jugés par la CPI, celle-ci n'existant pas encore à l'époque. Toutefois, le parquet belge pouvait toujours ouvrir sa propre enquête.
Elle a précisé que, les auteurs présumés étant des civils, les actes ne relèveraient pas du droit de la guerre.
«S'il s'agit d'un meurtre, les infractions peuvent être prescrites, mais elles peuvent également être considérées comme des crimes contre l'humanité, et ceux-ci ne se prescrivent pas», a-t-elle expliqué.
Durant le siège de Sarajevo, qui dura trois ans et demi et pendant lequel les forces serbes encerclèrent et bombardèrent la ville, plus de 11 500 civils furent tués, dont 1601 enfants.
Pendant la guerre de Bosnie, les forces serbes, appuyées par l'armée yougoslave et des unités paramilitaires, lancèrent une campagne de nettoyage ethnique contre les Bosniaques musulmans. À la fin du conflit, plus de 100 000 personnes avaient été tuées et quelque deux millions avaient été contraintes de fuir leurs foyers.
source : The Intel Drop via Marie-Claire Tellier